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Petit croisement entre idée de programmation et histoire de la blaxploitation.

29 Septembre 2012 Publié dans #Dossiers

Ceci est un ancien dossier que j'ai fait l'année dernière. Je l'ai à peine relu, et c'est mon premier dossier sur ce blog, alors soyez indulgents.

Je dois bien l’avouer c’est grâce à Tarantino et à l’hommage qu’il leur a réservé dans ses films que j’ai découvert les films de blaxploitation. Son style, une sorte de patchwork bien senti entre toutes les influences qui l'ont guidé durant son enfance de cinéphile, m'a tout de suite accroché. Tarantino clame haut et fort son amour pour le cinéma, en particulier pour les films de série B, d'arts martiaux et... de blaxploitation dans son Kill Bill. En effet, la musique du film Truck Turner et quelques clins d’œil appuyés y sont présents.

Mais c'est surtout dans le précédent film qu'il a réalisé, Jackie Brown, qu'il rend son hommage le plus appuyé à la blaxploitation. Il transforme complètement les personnages principaux et un peu la trame du roman qu'il adapte, pour mettre en avant des acteurs noirs (l'héroïne du roman était blanche) et une bande-son totalement années 70. C'est en très gros ce qui caractérise la blaxploitation. Il faut imaginer le jeune Tarantino se rendant dans des salles de cinéma de quartiers où l'on diffusait ces films de série B et de blaxploitation pour les destiner à un public différent de celui qui se pâmait devant les films hollywoodiens. Ces films au style particulier ont eu une influence très grande sur le cinéma et la télévision des années 70-80 en Amérique.

Si les films américains sont aujourd'hui encore dominants à l'affiche en France, ces films de blaxploitation sont quasiment oubliés voire inexistants en France.

Voir ces films maintenant a une saveur inimitable et invite à une certaine nostalgie (même pour ceux qui n'étaient pas nés dans les années 70) : coupes afro, argot, pattes d'eph', ambiance funky, drogues et chemises flashy... sont autant d'éléments folkloriques de l'époque.

Il est commun de définir la blaxploitation comme le mélange entre deux termes, « black » et « exploitation ». C'est un cinéma fait pour les noirs, avec des noirs. Mais cette définition sommaire oublie le terme exploitation propre aux années 70 et au déclin d'Hollywood.

En effet, l'histoire de la représentation des Noirs au cinéma est bien plus antérieure aux années 1970. Dès les débuts du cinéma on peut distinguer la représentation des Noirs par les blancs, dans les films d'Hollywood, dans la tradition des minstrels show, qui s'abandonne à la caricature voire à une représentation raciste (par exemple dans Naissance d'une Nation de D.W. Griffith (1915)); et la représentation des Noirs par les noirs. Dès les années 1910 les afro-américains décident de se lancer dans la production de films qui répondraient à l'attente du public noir en proposant des personnages sortant des clichés. Les premiers à se lancer dans la production, l'écriture et la réalisation de films sont les frères Noble et George Johnson dès 1916. Mais le plus connu des réalisateurs afro-américains de cette époque reste sans doute Oscar Micheaux et ses race movies. Il a tourné près de 42 films jusqu'en 1949 dont les plus connus sont The Homesteader (1919) et Within Our Gates (1920). Lorenzo Tucker, une des star des race movies, est surnommé le « black Valentino ». Les race movies se développeront jusqu'au début des années 1950 explorent tous les grands genres de l'époque (films de guerre, d'horreur, etc). Les race movies sont un peu l'ancêtre de la blaxploitation, sauf que cela restera toujours indépendant, et ce même si des producteurs blancs apportent régulièrement un soutien financier.

A Hollywood, après le succès du premier film parlant Le Chanteur de Jazz d'Alan Crosland (1927), le rôle des noirs ne change guère, même si à l'orée des années 1960, les thèmes des relations interraciales et de l'identité raciale se font plus présents. En témoignent My Baby is Black ! (1961) et I Passed For A White (1960). Il faut rappeler que dès la mise en place du Hollywood Production Code en 1930, les relations sexuelles entre noirs et blancs sont interdites à l'écran. Cependant dans les années 60 les productions tentent de faire passer un message antiraciste, avec plus ou moins de succès. Sidney Poitier devient un acteur majeur du cinéma américain, même si ses rôles restent très conventionnels.

Dans le même temps les années 60 sont une période de militantisme fort pour les droits des noirs, avec l'apparition de la désobéissance civile, avec ses figures emblématiques telles que Rosa Parks et le révérend Martin Luther King. Les résultats obtenus par le Mouvement des Droits Civiques ne sont pas suffisants pour certains qui prônent le Black Power. Les Black Panthers sont créées et l'on voit émerger sur la scène politique le très charismatique Malcolm X.

Les indépendants s'inspirent beaucoup de cet état de fait et l'on voit apparaître des films comme Harlem Story, de Shirley Clarke (1964), qui raconte de façon semi-documentaire le quotidien d'un ado qui rêve de devenir caïd dans les rues du ghetto. Les majors quant à elles restent timorées quand il s'agit de parler du racisme et des problèmes qui préoccupent la société des années 60.

Globalement, les noirs restent rejetés à Hollywood et ne suscitent pas l'intérêt des majors... jusqu'à l'arrivée d'un film souvent considéré comme le premier de la blaxploitation : Sweet Sweetback's Baadasssss Song, de Melvin Van Peebles en 1971. Quelques rares films à la fin des années 60 comme Putney Swope (1969) ou Le casse de l'oncle Tom (1970) sont néanmoins précurseurs du style et du succès de Sweet Sweetback's Baadasssss Song. Mais le succès de Sweet Sweetback's Baadasssss Song est tel (il était devenu à la fin de l'année le film indépendant le plus rentable de l'histoire du cinéma et rapporta plus de 15 millions de dollars!) que les majors vont enfin se rendre compte que cibler un public noir est plus que rentable. Si bien que trois mois après la sortie de Sweet Sweetback's Baadasssss Song, la MGM sort Shaft, les nuits rouges de Harlem, qui sera un énorme succès. Le film connaîtra deux suites et remportera un Oscar pour sa musique.

Ces deux films installent définitivement ce que sera le style de personnages et d'histoires la blaxploitation : un personnage noir viril et costaud, opposé à la mafia et/ou aux flics, face au personnage de maquereau, dealer, le tout dans une ambiance anticonformiste, baignant dans l'époque du militantisme, et sous une bande-son funky travaillée. En tout cas ce sont des personnages à l'opposé de ce que propose Hollywood (du style Sidney Poitier quelque peu asexué) à l'époque.

Ces succès confortent les producteurs dans la production de films pour les noirs. Il ne s'agit là que d'une démarche commerciale. Dès lors déferle une vague de films mettant en scène des acteurs noirs, souvent agressifs, virils et machos, renversement total de la représentation qui prédominait jusqu'alors. La blaxploitation est avant tout marketée pour un public masculin. La virilité et la sexualité très active des héros de la blaxploitation brise la barrière raciale. Car ces Sex Machines (en référence au hit de James Brown) couchent autant avec des noires qu'avec des blanches ou des asiatiques. Quand aux héroïnes, elles se résument souvent au personnage de la femme fatale, forte et sûre d'elle, dominant souvent les hommes. La blaxploitation, si elle brise quelques codes de représentation et quelques clichés, en installe d'autres pour le pire et pour le meilleur. Mais ce changement de perspective va non seulement attirer les spectateurs noirs mais également les spectateurs blancs.

La blaxploitation est avant tout un cinéma d'acteurs, et non d'auteurs. Ce sont les acteurs qui font le succès des films. Au panthéon des acteurs de la blaxploitation, chez les hommes, Jim Brown, Jim Kelly, Rudy Ray Moore et Fred Williamson, chez les femmes, l'incontestable Pam Grier mais aussi Tamara Dobson.

La blaxploitation n'est pas à proprement parler un genre ou, si elle en est un, c'est un genre aux multiples formes. Tous les genres de films vont y passer : les films d'action en priorité, les films d'arts martiaux, les films de gangsters, les films d'espionnage, les films d'aventure, les péplums (et si!), les films d'horreurs, les films de guerre, les films de prison (genre en vogue à l'époque) mais aussi les westerns (et oui!), les films noirs, les films érotiques et les comédies (musicales ou non)... La blaxploitation crée souvent des remakes à la sauce « blax » de succès déjà existants du cinéma. C'est l'un des angles d'attaque que j'ai choisi d'aborder pour cette programmation. On trouve ainsi des remakes du Parrain, de l'inspecteur Harry (même si là on peut se demander si lui même n'a pas été inspiré par Shaft), d'Opération Dragon, de James Bond, de Dracula, de l'Exorciste, de Frankenstein ou encore de Dr Jekyll et Mr Hyde.

Les mettre en relation permet, au-delà du plaisir de revoir ces chefs d'oeuvre, de bien faire ressortir les caractéristiques de la blaxploitation. Et d'offrir un panorama assez large de ce qu'elle fut.

Car oui le phénomène de la blaxploitation a pris fin, le genre a été usé jusqu'à ses limites, a même tenté une aventure sur la scène internationale, et les spectateurs se sont lassés, sans doute. Le genre disparaît à la fin des années 70. La blaxploitation, c'était surtout une époque, un contexte, culturel et social. L'explosion de la blaxploitation a tout de même permis à des films un peu plus « sérieux » sur les Noirs de se produire. Elle a permis, également, une bien meilleure visibilité des acteurs noirs sur tous les écrans, y compris ceux de la télévision (souvenez-vous du personnage d'Huggie les bons tuyaux dans Starsky et Hutch, ou de la série Cosby Show).

Le genre influencera également la littérature et la bande-dessinée.

La blaxploitation ne se limite peut-être pas au cinéma.

Enfin, nous verrons la question de l'héritage. De ce qu'il reste de la blaxploitation aujourd'hui. Certes on l'a vu, il y a les différents hommages que rendent des réalisateurs contemporains tels que Tarantino. Cela devient un genre référentiel auquel des réalisateurs, nostalgiques ou non, font appel.

Et le succès rencontré par Tarantino et son Jackie Brown a poussé les producteurs à faire un remake improbable pour les années 2000, celui de Shaft, incarné cette fois-ci non plus par Richard Roundtree mais par Samuel L. Jackson.

Mais il y a également un courant récent qui pourrait s'apparenter au descendant de la blaxploitation: il s'agit du hood film, ou film de quartier mettant en scène des gangs noirs (mais il existe aussi quelques variantes latino). Le hood film, ou gangsta film, cherche comme la blaxploitation à offrir un nouveau regard sur la communauté afro-américaine et notamment sur la vie dans les quartiers défavorisés, le tout sous une bande-son populaire (le rap). Des films de cette mouvance, tel Boyz in the Hood de John Singleton (1991) ou Menace 2 Society, d'Allen et Albert Hughes (1993) séduisent aussi un public blanc. Tout comme la blaxploitation, le hood film a aussi quelques variations : horrifiques (ex : Hood of the Living Dead (2005)) et féminines (ex : Hood Angels (2003)).

Enfin, il y a les films de Spike Lee comme Do The Right Thing ou encore Nola Darling n'en fait qu'à sa tête, mais ils sont assez éloignés de la blaxploitation, parce qu'il sont assez différents par le style. Ils relèvent plus du film d'auteur et Do The Right Thing, par exemple, ne s'intéresse pas qu'à la communauté noire.

On peut peut-être aussi observer un cousinage entre les films de Hong-Kong et la blaxploitation, dans le sens où ce sont deux même mouvement de fierté raciale, bien qu'il y ait de très grosses différences. Il y a en tous cas un échange, c'est certain. L'intérêt de la blaxploitation pour les arts martiaux vient de là, de l'engouement suscité par les films de Bruce Lee et notamment par le succès phénoménal de Opération Dragon, qui est un bon exemple de brassage des cultures.

Cette programmation est assez longue (20 films) . Il a fallu faire des choix comme toujours et ce fut difficile. Mais j'ai préféré retenir 5 angles d'attaque :

1) Grands succès et classiques de la blaxploitation (Shaft, Sweet Sweetback's Baadasssss Song, Foxy Brown, Superfly...)

2) Regards croisés classiques du cinéma américain / Blaxploitation

( Dracula / Blacula, Zombie de Romero / Sugar Hill, Opération Dragon / Black Belt Jones (on a préféré ici Black Belt Jones, plus intéressant de mon point de vue, à un autre film singeant à l'identique le scénario d'Opération Dragon), L'Inspecteur Harry / Truck Turner, Le Parrain / Black Caesar (on a préféré ici choisir ce film qui suit montée en puissance puis la chute d'un parrain noir new-yorkais plutôt que Across 110th Street, cross-over entre le film de gangster et la blaxploitation sorti en 1972, ou The Black Godfather, qui montre comment un gangster noir réussit à s'attirer le soutien d'une organisation politique noire en utilisant l'argument frauduleux de la lutte antidrogue.)...)

3) Curiosités de la blaxploitation (et notamment un dessin animé de blaxploitation, Coonskin)

4) La question du remake (avec le remake de Shaft)

5) L'héritage (Boyz in the Hood, Jackie Brown, et Black Dynamite, sorti en 2009, qui parodie les films de blaxploitation)

Questions et débats :

– Blaxploitation ? Définition ?Peut-on parler d’un genre ? Cinéma d’auteur ou d’acteur ?

– Question sociologique : que dit la blaxploitation de la place des noirs en Amérique ? Dans la société ?

– Pourquoi est-ce un phénomène typiquement américain ? Y-a-t-il un équivalent en Europe ou en France ? Ailleurs dans le monde ? Si non, pourquoi ?

– Et si la blaxploitation était un mouvement culturel englobant tous les arts non nobles (BD, Musique...) ?

– Blaxploitation, démarche mercantile ou cri de révolte ?

– Quelle est la place de la blaxploitation aujourd’hui ? Est-ce une époque révolue ? Quels sont les héritages de la blaxploitation ?

– Une esthétique du remake dans la blaxploitation, ou le style « blax »

– Une histoire de la représentation des Noirs au cinéma

– Les personnages-types de la blaxploitation : les hommes, les femmes...

– Quelles sont les influences de la blaxploitation ?

– Qu'est-ce qui a été influencé par la blaxploitation ?

– Regards croisés entre Hollywood et la blaxploitation.

– Quel fut l'impact de la blaxploitation ?

Les 20 films au programme

Sweet Sweetback's Baadasssss Song, de Melvin Van Peebles (1971)

Sweetback vit à Los Angeles. Assistant au passage à tabac d'un jeune militant noir (Hubert Scales) par deux flics blancs, il prend sa défense et les roue de coups. La suite du film raconte sa cavale tandis qu'il fuit en voiture, à pied, en stop à travers des paysages urbains délabrés. Mais voilà que sa vie est en plus menacée par une bande de motards...

Un film unique, original et déjanté. Un mélange inédit des genres, du porno soft au film de cavale, de gangster et de motards. Avec les 70 000 dollars que lui avait rapporté Watermelon Man, une comédie sur un Blanc se retrouvant dans la peau d'un Noir, plus d'autres fonds (Bill Cosby lui prêta 50000 dollars), Melvin Van Peebles put financer son projet. Pour limiter les coûts et recruter une équipe noire non syndiquée, il prétendit tourner un porno. Van Peebles écrivit, réalisa, composa la musique (jouée par Earth, Wind and Fire) et joua dans le film, décision économique censée mais également le seul moyen de conserver un contrôle créatif sur tous les aspects de la production. Début 1971, Sweetback sortit dans deux salles, les seules qui avaient accepté de le projeter. A la fin de l'année, il était devenu le film indépendant le plus rentable de l'histoire du cinéma, faisant un tabac dans le pays et rapportant plus de quinze millions de dollars. Sweetback est aussi novateur sur le plan esthétique en plus de son message politique : recours créatif aux techniques de montage, de surimpression, d'arrêt sur image, de coupes sèches, de zooms, de polyptiques, de dialogues stylisés, d'expositions multiples, bande originale inspirée... sont autant d'ingrédients qui ont fait son succès.

Shaft, les nuits rouges de Harlem, de Gordon Parks (1971)

John Shaft est un détective afro-américain, qui travaille à Harlem. Solitaire, il ne fait confiance à personne. Un jour, il est engagé par un gros trafiquant de drogue dont la fille a été enlevée. Mais cela n'est que le point de départ de la guerre entre les mafias...

« Il est cool, c’est un coriace. C’est un privé noir, une bombe sexuelle qui les tombe toutes. Il ne reçoit d’ordre de personne, noir ou blanc, mais il est prêt à risquer sa peau pour un pote. Lui, c’est Shaft. Pigé ? » La chanson d’Isaac Hayes, primée par un Oscar, présente parfaitement le héros/rebelle/emblème afro-américain interprété par Richard Roundtree et vedette de l’énorme succès réalisé par Gordon Parks. Suite au succès de Sweet Sweetback's Baadasssss Song, de Melvin Van Peebles, la MGM décida d'adapter le héros d'une série de polars écrits par Ernest Tidyman et confia la réalisation à Gordon Parks, afin d'exploiter le marché noir qui se développait rapidement. Elle trouva en Richard Roundtree, ex-mannequin de la revue Ebony et acteur de théâtre occasionnel dont la présence physique offrait la bonne combinaison de machisme, de virilité et d’assurance, exactement ce qu'elle cherchait pour incarner un privé au visage nouveau. La trame alambiquée est relativement typique du polar classique. Toute l’histoire n’est qu’une vitrine pour mettre en valeur le héros. Tidyman, Parks et Roundtree ont su créer un puissant personnage noir qui, pour la première fois ans l’histoire d’Hollywood, établit ses propres règles, n’écoute personne, donne les ordres au lieu de les recevoir et ne craint pas de se moquer des autorités blanches. En dépit de (ou grâce à) son héros subversif et ses connotations militantes, Les Nuits rouges de Harlem fut un énorme succès, séduisant le public blanc comme noir (son magnétisme transcende les frontières raciales) et rapportant vingt-trois millions de dollars rien qu’aux Etats-Unis. Les Nuits rouges de Harlem eut deux suites, Les Nouveaux Exploits de Shaft (1972) et Les Trafiquant d’Hommes (1973). En 2000, un remake de John Singleton, Shaft, avec Samuel L. Jackson dans le rôle-titre et Roundtree dans un second rôle, fut également un succès.

Foxy Brown, de Jack Hill (1974)

Quand son petit ami, agent du gouvernement, est tué par des membres d'un syndicat de la drogue, Foxy Brown cherche la vengeance. Elle parvient à relier le meurtre à une « agence de modèles » dirigée par Steve Elias et Miss Katherine. Foxy décide d'infiltrer l'agence en tant que prostituée. Elle rencontre une autre noire, qu'elle va aider à sortir de l'enfer de la drogue et de l'exploitation sexuelle. Foxy veut sa revanche, et ça va barder !

Avec l'incontestable, l'inévitable et l'unique Pam Grier, Foxy Brown est un des films phares sur les femmes fatales de la blaxploitation. La vengeance de l'héroïne sera très violente et imposera Pam Grier dans des rôles de femmes fortes, amantes et castratrices, violentes et douces, objets de fantasmes et machines à détruire les hommes. Avec ce rôle, elle accède sans nul doute au statut d'icône de la blaxploitation.

Superfly, de Gordon Parks Jr. (1972)

Priest, un noir de Harlem et dealer charismatique, décide de conclure sa carrière par un dernier gros coup avant de quitter définitivement le milieu : vendre 30 kilos de cocaïne pure, encaisser un million de dollars et aller vivre au soleil. Son plan astucieux est remis en question par la défaillance d'un passeur...

Le personnage de maquereau et de dealer-type de la blaxploitation dans toute sa splendeur, dans un film à l'atmosphère très marquée des 70's. Fils de Gordon Parks, le cinéaste de Superfly choisit pour interpréter le rôle l'ultra charismatique Ron O'Neal. D'un côté, Parks Jr se laisse aller à une certaine « glamourisation » du mode de vie des dealers, d'un autre côté il cherche à montrer que leur vie n'est ni idyllique, ni une fin en soi. L'impact du film a été énorme sur toute une génération de rappeurs américains, de Snoop Dogg à Dr Dre. Un film qui pose question sur la réussite sociale dans les ghettos.

L'Inspecteur Harry, de Don Siegel (1971)

Harry Callahan est un inspecteur de police de San Francisco, connu pour ses méthodes brutales, dangereuses, parfois proches de l'illégalité, mais en général efficaces. Il se retrouve aux prises avec un tueur en série, Scorpion.

L'Inspecteur Harry a revisité l'image que l'on se faisait du flic. Interprété par le grand Clint Eastwood, parfait en dur à cuire, il a connu plusieurs suites, quatre en tout, aux répliques cultes et aux scènes de violence stylisées. Le mauvais flic était définitivement né...

Truck Turner, de Jonathan Kaplan (1974)

Truck Turner, un ancien footballeur professionnel, est un chasseur de primes dont le boulot est de récupérer les personnes sous caution ne s'étant pas présenté en temps et en heure au tribunal.

Il se retrouve un jour avec son collègue, Jerry, avec une nouvelle mission : mettre la main sur un maquereau nommé Gator. Mais l'opération tourne mal, et Gator est tué.

La femme de Gator place alors un contrat sur la tête de Turner...

Truck Turner fonctionne d'abord comme un buddy movie avant de prendre une tournure plus dure. Les deux personnages du duo sont en osmose et l'humour de leurs répliques fait mouche. Ils sont placés dans des situations quotidiennes, ce qui les rend vraiment crédibles. Truck Turner est un des meilleurs films de la blaxploitation, et ce en partie grâce à la magnifique prestation d'Isaac Hayes, survolté dans le rôle de Turner.

Opération Dragon, de Robert Clouse (1973)

Lee, un membre du temple Shaolin, est contacté par la police qui lui demande d'infiltrer un tournoi d'arts martiaux. Ce tournoi se déroule sur une île appartenant à Han, un ancien moine Shaolin qui vit désormais du trafic d'opium et de la traite des blanches. Lee doit simplement rapporter des preuves pour que la police puisse arrêter Han, mais il apprend bientôt que ce sont des hommes de Han qui, trois ans auparavant, tentèrent d'enlever sa sœur, laquelle se suicida plutôt que de se faire prendre. Désormais, Lee a des comptes personnels à régler avec Han ...

Le film culte qui consacra Bruce Lee comme une légende (il meurt juste après ce film). Un film fait de mélanges : mélange des cultures (un asiatique, un noir et un blanc sont confrontés à Han), mélange des genres (entre pur film d'arts martiaux et film d'espionnage). Et une atmosphère unique, typiquement 70's, de par sa musique et ses décors. Bruce Lee prouve tout son sens de la chorégraphie des combats et son aura, son charisme déborderont pendant tout le film, éclipsant les autres acteurs. La scène finale, avec les miroirs, est très réussie.

La Ceinture noire (Black Belt Jones), de Robert Clouse (1974)

Des mafieux cherchent à récupérer le dojo d'un des amis de Black Belt Jones.

Celui-ci va tout faire pour les en empêcher...

Jim Kelly, qui avait joué auparavant aux côtés de Bruce Lee dans Opération Dragon, trouve ici un de ses plus beaux rôles et s'impose comme le « Bruce Lee » noir. Criant comme le Petit Dragon et imitant les poses de Bruce Lee, il brille de mille feux dans cette banale histoire qui n'est qu'un prétexte à une série de combats.

Le Parrain (The Godfather), de Francis Ford Coppola (1972)

En 1945, à New York, les Corleone sont une des 5 familles mafieuses de la ville. Don Vito Corleone est le Parrain de cette famille. Sollozzo, dit « le Turc », qui est protégé par le Parrain de la famille Tattaglia propose à Don Vito une association dans le trafic de drogue. Mais celui-ci refuse, car il risquerait d'y perdre ses appuis politiques. Sonny, son fils ainé, y est quant à lui favorable. Afin de traiter directement avec Sonny, Sollozzo décide de faire tuer Don Vito qui réchappe miraculeusement à l'attentat. Commencent alors une série de représailles qui amèneront Michael, le frère benjamin de Sonny, à devenir le nouveau parrain...

Un film à la mise en scène virtuose et somptueuse, magnifiquement interprétée. Trois Oscars (Meilleur Film, Meilleur scénario adapté, et Meilleur Acteur pour Marlon Brando) et 7 Nominations en 1972. Un film culte, qui révéla toute une génération d'acteurs dont Al Pacino, et qui consécra Francis Ford Coppola. Un sommet du film de gangster accompagné de la sublime et envoûtante musique de Nino Rota.

Black Caesar, de Larry Cohen (1973)

Alors qu'il est encore un gamin, Tommy Gibbs (Fred Williamson) se fait casser la jambe par un flic. Il développe dès lors une véritable haine contre le système, et une rage de réussir. Et, le moyen de s'en sortir est de rejoindre la mafia italienne qui, peu enthousiaste de prendre un Noir dans ses rangs, finit cependant par lui accorder sa confiance et lui donner des responsabilités. Mais Tommy, en agrandissant son pouvoir sur Harlem, désire voler de ses propres ailes.

Black Caesar, film sur l'ascension puis la chute d'un parrain noir de Harlem, n'est pas à proprement parler un remake de Little Caesar de Mervyn Leroy (1931). Film de blaxploitation car il repose sur son pitch Parrain noir, le film est cependant plus complexe et montre aussi une réalité assez dure. Si le crime apparaît comme la solution pour sortir de cette réalité difficile, le gangster noir reste sous la dépendance de mafieux blancs. Métaphore d'un fait souvent constaté: un Noir aux Etats-Unis, ne peut que rarement réussir économiquement aussi ben voire mieux qu'un Blanc dans un même domaine, et ce pour des raisons sociologiques (racisme, etc).

Dracula, de Tod Browning (1931)

Renfield, chargé de conclure une transaction immobilière avec le comte Dracula, se rend dans son château des Carpates, où l'aristocrate, qui s'avère être un vampire, va l'hypnotiser pour le mettre sous ses ordres. Débarqué en Angleterre, Dracula ne tarde pas à créer de nouveaux semblables parmi la société locale en commençant par la jeune Lucy, fille du directeur de l'asile...

Le mythe de Dracula a trouvé là une interprétation sans faille, et une histoire avec une approche plus sexuelle du mythe. Réalisé par Tod Browning, un maître du fantastique des années 30, et interprété par Bela Lugosi, qui a pris la place de Lon Chaney suite à la mort de ce dernier. Bela Lugosi fut tellement imprégné par ce rôle qu'il fut enterré avec sa cape de vampire...

Blacula, le vampire noir, de William Crain (1972)

En 1780, le Prince Mamuwalde est transformé en vampire après avoir rendu visite à Dracula. Il lui avait demandé de l'aide afin de mettre un terme à l'esclavage, mais Dracula lui a demandé de vendre sa femme. Refusant, Mamuwalde fut mordu par Dracula. Condamné à vivre dans un cercueil, il est réveillé en 1972 par des antiquaires américains qui avaient ramené le cercueil aux Etats-Unis. Blacula sème alors la terreur à Los Angeles et se met en quête de sang. Sur son chemin, il rencontre une jeune femme qui ressemble étrangement à sa défunte épouse...

La transposition parfaite du mythe de Dracula à la sauce blaxploitation. Interprété par William Marshall, un Blacula anti-conformiste qui n'aime pas les flics, et qui a soif de sang. Ce n'est pas uniquement un film conçu pour le public noir, même s'il ne cherche qu'à copier un classique. Le succès de Blacula fut tel qu'il donna des idées aux producteurs pour s'attaquer à d'autres figures du genre horrifique adaptées pour la blaxploitation. Quoi de plus normal, dès lors de voir débarquer plus tard Blackenstein, Dr Black, Mr Hyde, Abby (remake de L'Exorciste)...

Zombie, de George Romero (1978)

Le monde est bouleversé par la prolifération des morts-vivants, que rien ne semble pouvoir endiguer. Alors que le chaos règne partout, un groupe de quatre personnes se réfugie dans un centre commercial qu'il barricade afin de se protéger des zombies et bénéficier des ressources du supermarché.

Zombie est un sommet du gore : les cervelles explosent, le sang gicle... Mais c'est aussi, comme souvent chez Romero, un pamphlet politique, cette fois contre la société de consommation, à travers l'exemple du centre commercial dans lequel les héros, plongés dans l'attente, ainsi que les zombies, singent leur vie passée.

Sugar Hill, de Paul Malansky (1974)

Suite à l'assassinat de son fiancé, une jeune femme (Marki Bey) décide de se venger de ses meurtriers, un groupe de mafieux cherchant à faire main basse sur le night-club qu'il tenait.

Elle ne décide pas de passer par la méthode « vengeance à coups de revolver » mais par le vaudou...

Sugar Hill fait partie des rares productions hollywoodiennes à avoir cherché à montrer autre chose que des platitudes négatives sur le vaudou, pour en faire image cauchemardesque. Le film présente des aspects authentiques de cette religion, qui trouve ses racines en Afrique. Un film rythmé, à l'atmosphère particulière qui pousse le fantastique vers de nouveaux horizons. Les zombies invoqués ont une apparence toute particulière avec leurs yeux révulsés.

Car Wash, de Michael Schultz (1976)

Le film conte une journée ordinaire dans une station de lavage manuelle de Los Angeles. On trouve le patron américain type, affublé de son fils marxiste, les laveurs de voiture, petites gens venus de tous les horizons, et les divers clients, tous sont plus farfelus les uns que les autres : le rebelle prônant la suprématie noire, l’ancien détenu, l'obèse surnommé Hippo, les jeunes écervelés, l’homosexuel, le bookmaker, les danseurs qui croient qu' Hollywood les attend, l’amoureux transi, qui rêve de devenir un super-héros, mais qui n'arrive pas à séduire la serveuse du restaurant d'en face.

Avec ce film, la blaxploitation s'attaque au genre de la comédie musicale.

Un tableau tendre mais caustique d'une Amérique loin des Bling-Bling et du rêve américain. Une dénonciation crue de la différence entre gagnants et perdants au pays du tout ou rien. Le tout rythmé par la formidable musique du groupe Rose Royce qui signe là une des plus belles bandes originales de l'histoire du cinéma et plus particulièrement de la période disco. Digne de Saturday Night Fever, de Grease ou de Fame.

Coonskin, de Ralph Bakshi (1975)

Les aventures d'un lapin (Philip Michael Thomas), d'un ours (Barry White) et d'un renard ayant quitté leur cambrousse natale pour Harlem où ils se retrouvent tour à tour confrontés à un Jésus noir à la tête d'une secte nationaliste, la mafia italienne et la police.

Mélangeant images live (prises de vues réelles) et animation, Coonskin est un curieux mélange, signé par le créateur de Fritz The Cat. Bakshi se moque du phénomène de la blaxploitation et des préjugés racistes perpétués aux Etats-Unis. Il s'agit d'une satire sur la représentation des noirs dans la culture populaire blanche américaine et non, comme on a pu le penser à l'époque, d'un film raciste. Un film plein d'ironie sur l'American Way of Life, truffé de références (Le Parrain, Mélodie du Sud...). Une richesse thématique et visuelle très vaste. Un Ovni de la blaxploitation, mal reçu à sa sortie, mais passé à la postérité.

Boyz N the Hood, de John Singleton (1991)

Un jeune de South Central, Tre veut continuer ses études supérieures mais son environnement social va en décider autrement. Enfant de parents divorcés, Tre est brillant scolairement jusqu'au jour où il déclenche une bagarre à l'école. Sa mère décide de l'envoyer chez son père à South Central. Dans cet univers de ghetto très sombre, il va continuer d'évoluer positivement grâce à l'éducation prodiguée par son père. Ce qui n'est pas le cas de certains de ses copains qui tournent mal : confrontés au racisme des policiers, à la pauvreté, à la prolifération des armes, la violence des bandes et les trafics de drogues... Lui-même se sent parfois penché du mauvais côté. Résistera-t-il à la tentation de la violence ?

Démonstratif mais superbement orchestré, ce film offre un portrait émouvant d'une bande d'amis confrontés à la violence des ghettos. Un film réaliste, au langage très cru, et à l'influence hip-hop marquée. La structure classique – trois parties, une morale finale – donne au film un cachet « professionnel », alors qu'il s'agit d'une production indépendante, qui a eu beaucoup de succès. Grâce à l'apport de la musique de stars du rap mais aussi à l'interprétation exceptionnelle de ses acteurs (Ice Cube en tête), Boyz N The Hood aura une influence considérable sur la vague de films plus modestes sur les ghettos noirs qui déferla dans les années 90's. C'est en quelque sorte un prolongement de la blaxploitation, mais avec une culture différente, imprégnée de rap et de hip-hop, qu'on appellera le hood film.

Jackie Brown, de Quentin Tarantino (1997)

Jackie Brown est une hôtesse de l'air. Pour arrondir ses fins de mois, elle sert de passeur à un trafiquant d'armes, Ordell Robbie. Elle emporte dans ses bagages de l'argent liquide pour le compte de ce truand. Un beau jour, un comité d'accueil l'attend à l'aéroport de Los Angeles : un agent de l'ATF accompagné d'un policier local. Ils espèrent obtenir son aide pour piéger le trafiquant.

Jackie Brown monte alors un plan qui lui permettra de doubler tout ce beau monde durant le prochain transfert d'une somme de 500 000 dollars.

Tarantino, tout en continuant son style très personnel, rend ici un bel hommage à la blaxploitation, avec la musique et en donnant le rôle-titre à une icône de la blaxploitation, Pam Grier. Avec toute une pléiade de stars toutes au diapason (Samuel L. Jackson, Robert De Niro, Michael Keaton), Tarantino poursuit son entreprise de cinéaste qui fait des films pour cinéphiles, avec une mise en scène virtuose et des dialogues savoureux.

Shaft, de John Singleton (2000)

Une nuit, dans un bar de Manhattan, l'inspecteur J.P Shaft, flic noir aux méthodes peu orthodoxes et au sex-appeal infaillible, est appelé à la suite d'une agression raciste. Quelques minutes après son arrivée sur le lieu du crime, la victime - l'étudiant noir Trey Howard - succombe à un traumatisme crânien. La barmaid Diane Palmieri, unique témoin oculaire du drame, désigne discrètement à Shaft le coupable : Walter Wade Jr., un gosse de riche qui invoque avec arrogance la légitime défense et défie ouvertement le policier. Shaft arrête Wade, mais son avocat obtient sa libération immédiate, moyennant une caution substantielle.

Un remake dérivé de Shaft, les nuits rouges de Harlem, avec encore plus d'action et de testostérone. Mais une ambiance moins funky et plus proche des années 2000. Samuel L. Jackson a avoué s'être bien amusé pour ce rôle, aux côtés de Isaac Hayes et Richard Roundtree dans les seconds rôles. Shaft renoue avec le succès de son prédécesseur.

Black Dynamite, de Scott Sanders (2009)

« Black Dynamite » est le type le plus redoutable et le plus cool de Los Angeles. Ancien commando pour la CIA, il règne en maître avec son 44 Magnum et son nunchaku. Pratiquant un kung-fu bien à lui, il terrorise tout le monde. Fier d'être black, il est aussi très populaire auprès des femmes. Mais lorsque son frère Jimmy est assassiné, la CIA lui demande de reprendre du service. Après avoir retrouvé une douille sur les lieux du meurtre, il remonte la piste d'un complot destiné à affaiblir les afro-américains: distribution de drogue dans les orphelinats et de bière frelatée dans les quartiers « blacks »...

Un film nostalgique, « à l'ancienne », qui revisite avec humour tous les clichés de la blaxploitation en les parodiant au maximum. Tous les thèmes, tous les genres, tous les types possibles de personnages de la blaxploitation sont abordés dans ce film.

Bibliographie :

Livres :

. Julien SÉVÉON, Blaxploitation, 70's Soul fever !, Bazaar & Cie, Paris, 2008, 192 pages.

Un des rares livres en français sur le sujet, le seul que j'ai trouvé en tous cas. Assez agréable à lire, fait par un passionné, et avec pas mal de photos et d'affiches. C'est ma principale source pour ce dossier.

. Sous la direction de Steven Jay SCHNEIDER, 1001 films à voir avant de mourir, 5ème édition :

- article « Sweet Sweetback's Baadasssss Song » p. 542

- article « Shaft, les nuits rouges de Harlem » p. 540

- article « Le Parrain » p. 552

- article « Superfly » p. 558

- article « Boyz N the hood » p.794

Sites Internet ci-dessous.

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P
Excellent article tant sur le fond que dans sa forme, et merci pour les sources !
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